Vous trouverez ici les témoignages des étudiant.es qui ont eu la chance de visiter l'Université Soka au Japon en automne 2022. Vous verrez que l'éducation humaniste et créatrice de valeurs que propose l'esprit Soka a fortement imprégné ces jeunes qui en sont revenus changés à tout jamais.

Bonne lecture!

Témoignage Tanja Popovic

Le Japon – Une expérience inoubliable 

Le voyage au Japon s’est déroulé du 28 octobre au 6 novembre 2022. Nous avons été hébergés à l’Université Soka, où nous ont accueillis les étudiants et les enseignants de l’Université. Nous avions un programme clair et préétabli de notre voyage. Nous avons notamment assisté à des cours et nous avons préparé plusieurs projets collectifs.  

Ni le début ni la finalité 

Parler de notre mémorable expérience au japon est un honneur pour moi. Je ne sais pas comment exprimer la plus grande des gratitudes à ceux qui ont permis la réalisation de ce voyage. Comme j’aime l’annoncer à tous ceux qui croisent mon chemin. Notre expérience au japon, ce n’est ni le début ni la finalité. C’est une composante du processus de transformation intérieur, dont j’ai commencé l’apprentissage au mois d’octobre 2021. En effet, le Japon m’a permis d’ouvrir les yeux sur le monde, mais aussi sur moi-même en me donnant la chance de faire une introspection complète sur mon comportement et ma façon de penser. Cette expérience m’a également donné la chance de devenir une meilleure personne sans pour autant apporter le regard critique habituel que je m’infligeais. C’est un voyage certes, mais c’est surtout un grand voyage intellectuel vers la découverte de soi et la transformation intérieure.  

Là, où tout a commencé 

Le voyage au Japon s’insère donc parfaitement dans l’évolution de notre compréhension de la vision d’Ikeda. En effet, bien que nous ayons été immergés dans sa philosophie durant notre semaine intensive au Japon, nous pouvons affirmer que le vrai voyage vers la compréhension de la philosophie d’Ikeda débuta bien avant. C’est d’abord durant l’un de mes cours d’université avec Vincent Fauque que j’ai eu la chance d’entendre pour la première fois le nom de Daisaku Ikeda et de sa philosophie. Puis, en m’intéressant aux différents textes que nous devions analyser dans le cadre du cours, j’ai pris connaissance du concept même de citoyenneté mondiale. J’ai pu dès cet instant y voir ma vie basculer vers une meilleure compréhension de la vie et son sens.  

Le voyage m’a donc permis de faire la rétrospection souhaitée depuis près d’un an maintenant. En effet, lors des rencontres avec Olivier Urbain et Vincent Fauque, j’ai essayé d’appliquer les valeurs que prône Daisaku Ikeda et c’est notamment ce qui m’a permis au cours de la dernière année de passer à travers les différents obstacles. Néanmoins, c’est vraiment grâce au séminaire au Japon que j’ai pu mettre en relief ces vertus. Ainsi, je reviens de ce voyage étant grandi. En effet, durant ce séminaire, nous avons eu la chance durant les cours, d’aborder de nombreux thèmes notamment dans les cours de leadership féminin. Ces derniers m’ont permis de m’épanouir en tant qu’individu, mais également en tant que femme. C’est pourquoi, en revenant du Japon, j’ai finalement eu le courage de demander à ma patronne une augmentation salariale. Je n’aurais jamais pensé y arriver, mais grâce au cours sur le leadership des femmes, j’ai finalement pu le faire.  

La citoyenneté mondiale 

Cette semaine a été riche en émotions qu’elles soient positives ou négatives, nous avons été confrontés à nous-mêmes et nous avons vécu un vrai choc culturel. Le changement d’environnement est extrêmement difficile pour les étrangers, car même le simple fait d’acheter une bouteille d’eau nous obligeait à nous acclimater à notre environnement. Je peux facilement dire que rester ouvert d’esprit et ouvert aux autres était la valeur initiale transmise par la philosophie d’Ikeda. C’est d’ailleurs grâce à cette valeur que j’ai découvert la magnifique culture japonaise. Tout au long de la semaine, nous avons nagé dans un environnement qui nous a poussés à donner le meilleur de nous-mêmes et à être en constante réflexion. Cet état d’esprit nous a permis de nous améliorer à un rythme que je n’aurais jamais cru possible. Nous avons pu approfondir nos conversations avec nos amis qui étaient des inconnus au début de la semaine. De plus, notre capacité à dialoguer s’est rapidement améliorée, car nous nous sommes permis d’être vulnérables et d’écouter réellement le point de vue des autres. Nous ne regardions pas nos différences, mais plutôt nos points communs. Nous étions des citoyens du monde.  

La vision de la citoyenneté mondiale de Daisaku Ikeda permet à tout le monde d’avoir un sentiment d’appartenance inégal aux autres définitions de citoyenneté globale. La citoyenneté est un concept qui m’a toujours habité et accompagné au cours de ma vie. C’est pourquoi j’ai finalement trouvé un sens en entendant pour la première fois le concept de citoyenneté mondiale de Daisaku Ikeda. C’est d’ailleurs ce qui m’a le plus touché durant le voyage. L’interconnectivité des étudiants étrangers qui pourtant provenaient de différents pays. C’était ce dont j’avais toujours rêvé. Nous y avons tissé des liens éternels et nous y avons développé un esprit de recherche incomparable. J’ai ressenti une immense joie de vivre qui émanait de mes nouveaux camarades. Ces derniers étaient là pour m’écouter et le faisaient avec le cœur sur la main. Je ne me sentais pas juger lorsque j’avais des insécurités ou des doutes. Ils ont été là pour moi. J’ai aussi senti un changement dans le comportement des étudiants provenant de l’université Laval. Nous avons peu à peu adopté la même attitude positive que nos collègues. Nous étions désormais présents pour accompagner chacun de nos amis dans leur développement personnel. C’est grâce à la semaine passée à l’Université Soka que j’ai reprise espoir en notre société. Le concept d’interconnectivité m’a permis de remettre sur les rails ma vision positiviste du futur.  

La transformation intérieure 

Quand j’étais jeune, j’ai toujours pensé que mes rêves représentaient la plus grande partie de mon identité et que rien ni personne ne pourrait les faire disparaître. En grandissant, on m’a reproché d’avoir des rêves irréalisables et j’ai fini par les mettre de côté. Je les ai enfouis tellement loin dans mon esprit que je les ai oubliés. Aujourd’hui, je me souviens que je voulais changer le monde. J’ai l’impression d’avoir été amenée au Japon pour pouvoir me reconnecter avec moi-même et je sens enfin que je recommence à rêver. J’ai l’impression d’évoluer, de m’améliorer. J’ai ce sentiment grâce aux dialogues que nous avons eus avec nos collègues et avec nos professeurs, qui nous ont sortis de notre zone de confort et nous ont obligés à réfléchir à notre place dans la société, mais aussi dans le monde. L’ironie est que la plupart de mes rêves se sont perdus au cours du dialogue avec mon entourage qui m’a convaincu d’être réaliste. Ici, en revanche, le dialogue me montre que les choses peuvent se révéler meilleures que ce que je pouvais imaginer. Ici, le dialogue consiste à comprendre le point de vue de l’autre et à le pousser au maximum de ses capacités et au-delà de ce qu’il imaginait être ses capacités.  

Dans le poème de Daisaku Ikeda intitulé « Bringing the Light of Education to the World », le président Ikeda a exploré divers domaines liés à l’éducation. Ma partie préférée et celle que je considère comme la plus importante est la suivante : « Teachers exist - For the sake of students. Students do not exist - For the sake of teachers. ». C’est d’ailleurs grâce à Vincent Fauque qui a cru en moi et mon potentiel lorsque je n’y croyais plus moi-même que j’ai recommencé à rêver. Je sais maintenant que nous pouvons changer la société dans laquelle nous vivons. Un rêve à la fois. Un dialogue à la fois. Dans le même poème, Ikeda poursuit en disant « Genuine educators - Are the driving force - That inspire people to break free - Of the chains of destiny ». Je sais que mon destin est maintenant en train de changer depuis que j’ai mis les pieds à l’Université Soka.  

Les trois vertus 

Durant la semaine au Japon, j’ai notamment pu développer une meilleure compréhension des trois vertus. La compassion m’a aidé à comprendre ce que les gens vivaient autour de moi, comprendre que l’autre est aussi un « moi » et que nous ne sommes pas les seuls à souffrir. Lorsque « l’autre » est plongé dans un état d’enfer si profond qu’il est dépassé de souffrance, il n’aura pas la même ouverture au dialogue qu’une personne en santé. La sagesse, quant à elle, demande une compréhension qui va au-delà du petit égo. Elle change le regard qu’on porte sur nous-mêmes et nous ouvre sur le monde. Enfin le courage, m’a aidé à m’affirmer. Les trois vertus lorsqu’elles ne sont pas stimulées, elles sont passives, le dialogue permet de les éveiller et les pousse à leur plein potentiel. La transformation intérieure et le dialogue sont intimement liés. Une cohésion entre les deux mène à une élévation de la conscience et à une prise de conscience du petit égo vers le plus grand soi.  

Témoignage Alex St-Amant

Le premier jour où nous avons rencontré les étudiants de Soka, nous avons eu droit à un accueil chaleureux, plein d'ouverture, d'amitié et d'amour. C'était un grand moment de voir enfin les sourires et les visages des personnes avec lesquelles nous avions échangé virtuellement avant de partir au Japon! Nous avons tout de suite ressenti de leur part cette approche humaniste et respectueuse que prône l'esprit Soka. Nous étions loin de nous douter que nos vies allaient changer à jamais à ce moment précis. Lors de la visite du campus, nous avons réalisé à quel point il était facile d'entrer en contact avec ces personnes merveilleuses et combien leur bonheur était authentique. Dès les premières heures, nous construisions déjà des amitiés qui, nous le savions, dureraient pour toujours. Une chose amusante que j'ai remarquée, c'est la facilité avec laquelle je me suis tout de suite souvenu du nom de chacun et chacune, alors que je suis habituellement très mauvais dans ce domaine. Ce n'est pas que je développais une bonne mémoire à court terme sur le champ, mais plutôt que je connectais si facilement avec eux que j'avais l'impression de les connaître depuis toujours. De plus, je me suis rapidement ouvert et j'ai abordé des sujets personnels dont j'ai même du mal à parler avec de bons amis à la maison. C'est comme si toutes ces belles personnes étaient des thérapeutes qui attendaient que je m'ouvre pour pouvoir soulager mes douleurs inconscientes. C'était vraiment un sentiment que je n'avais jamais eu l'occasion d'expérimenter auparavant et j’en suis à tout jamais reconnaissant.

Outre ses habitants, je suis également tombée amoureux du campus de la Soka dès que j'ai eu la chance de m'y promener. Comme il est situé dans la banlieue de Tokyo, ma première attente était de ressentir la pression de la ville et de sa démographie urbaine. Au contraire, la beauté du campus était en telle harmonie avec la nature qui l'entoure que je me suis tout de suite sentie détendu et ancré. À titre d'exemple, l'étang de littérature représenté ci-dessous est un point de repère paisible de l'université où le président Ikeda lui-même a rencontré de nombreux étudiants. Même à l'intérieur des bâtiments, ce n'était pas différent : la nouvelle perspective que la Soka m'a donnée sur l'éducation et la manière d'interagir avec les enseignants et les collègues se reflète dans les salles de classe et m'a vraiment donné l'impression que c'était l'endroit où je devais être en tant que citoyen du monde. Les sujets abordés lors des conférences auxquelles nous avons assisté m'ont vraiment fait réfléchir à deux fois sur qui je suis, qui je veux être et quel genre d'impact je veux avoir sur la vie des autres. Je ne peux vraiment pas imaginer à quel point il est positif pour quelqu'un d'étudier là-bas avec de si grands éducateurs pendant de nombreuses années si nous avons réussi à ressentir un tel changement en l'espace d'une semaine ! Partout où nous sommes allés, l'ambiance du lieu et des gens était positive, apaisante et paisible.

Après de si belles rencontres, des conversations profondes et le désapprentissage de ce que nous pensions savoir pour l'apprendre à nouveau avec des perspectives nouvelles, j'aimerais vous faire part de quelques réflexions partagées par les étudiants de Laval lors de cet échange sur le thème de l'éducation créatrice de valeur. Ces huit citations ont été écrites spontanément au fur et à mesure que les étudiants les manifestaient, elles viennent donc directement de leur cœur et de leur âme. Pour les étudiants de Laval, l'éducation Soka créatrice de valeurs, c'est:

Garder l'espoir, créer des liens et surmonter les défis ;

Un outil pour le changement et pour des solutions globales ;

Un remède au fléau qu’est la solitude ;

Sortir de nos zones de confort ;

Un moyen d'élever les étudiants et les rêves qu'ils portent en eux ;

Une quête de sens et un moyen de respecter la dignité de toutes vies ;

Changer le monde pièce par pièce, localement, à notre manière ;

Dépasser les limites de la langue pour atteindre la paix dans le monde.

Enfin, il est plus que jamais temps de chérir les relations que nous avons tissées au cours de cet échange et de les faire fructifier à leur plein potentiel. Les rencontres entre les étudiants de Soka et de Laval n'étaient que des étincelles qui finiront par allumer un feu vigoureux, mais pour cela, nous devons l'alimenter avec un combustible sous forme de dialogue continu, d'amitié forte et de projets durables. Comme l'a dit Daisaku Ikeda : "Il n'y a pas d'éducation véritable sans interaction sérieuse entre les personnes et sans inspiration. Les gens ne peuvent grandir qu'à la faveur de leur interaction dynamique avec les autres". L'objectif pour l'année à venir est d'aider à consolider les bases du pont que nous avons établi par le biais du Centre d'études Ikeda pour l'éducation à la citoyenneté mondiale, au dialogue et à la paix à l'Université Laval. Nous voulons établir un partenariat à vie entre les deux universités afin que les futurs étudiants aient la possibilité de passer de Laval à Soka pour leurs études supérieures et vice versa. À cet égard, une association d'étudiants reliant les deux universités commence déjà à se mettre en place. Nous voulons également planifier une visite pour accueillir nos nouveaux amis à Québec d'ici 2024. Pour atteindre de tels objectifs, la coopération entre les étudiants, les enseignants, les doyens et les recteurs est essentielle. En travaillant tous pour de grandes causes aujourd'hui, nous obtiendrons ensemble des effets encore plus grands demain.

Témoignage Anne-Mai Virolle

Soka-Laval : un catalyseur enclenché 

2022 a été un véritable défi pour moi et une expérience que je n'aurais jamais imaginé vivre de manière à la fois positive et négative. Au milieu de ma vingtaine, je n'aurais jamais pensé que je vivrais et grandirais en tant que jeune adulte autant que je l'ai fait en si peu de temps. Cela fait quelques années que j'ai toujours eu ces questions sur la vie que je vais avoir, quel est le meilleur choix dans cet immense univers de possibilités toutes plus belles et effrayantes les unes que les autres. Je me demandais également dans quel monde nous vivons, pourquoi nous sommes dans cette société aux blessures si profondes, où le patriarcat est toujours présent, les guerres et les conflits politiques internationaux, et la menace d'une troisième guerre mondiale de plus en plus possible chaque jour. Dans quelle civilisation vais-je faire laisser mes descendants si je fais le choix de procréer et ai-je vraiment le pouvoir de changer les choses ? Toutes ces questions commençaient à trouver une réponse lorsque j'ai commencé à lire et à échanger sur le travail de Daisaku Ikeda avec son incroyable approche humaniste. Plus de deux semaines se sont écoulées depuis le retour de ce voyage et les sentiments et les pensées qui me viennent à l'esprit en me remémorant ces moments uniques semblent encore comme un rêve. Avant même d'apprendre que nous aurions cette incroyable opportunité d'aller au Japon à l'Université Soka, je n'étais pas certaine de ce à quoi m'attendre. J'essayais encore de comprendre et d'expliquer à tous ceux qui le souhaitaient le but de cet échange et le mouvement bouddhiste Soka Gakkai. J'avais l'impression de marcher sur des œufs, jamais convaincu d'être suffisamment claire. Ce n'est que depuis mon retour que jour après jour cela devient plus compréhensible. En effet, chaque conversation, chaque lecture sur la citoyenneté globale, l'éducation créatrice de valeurs et/ou la construction de la paix ont maintenant non seulement du sens, mais créent aussi cette puissante volonté de changer. Changer en tant que jeune femme, en tant que citoyenne à venir et à s’épanouir. Je ne pourrais pas me sentir plus heureuse de ce que nous avons vécu. Je crois vraiment et profondément que qualifier de chance le fait de partir à l'étranger et de créer ce partenariat entre ces deux universités, sans même chercher à faire ce genre de geste au départ, est un euphémisme.  Personne n'aurait pu imaginer avoir ce genre d'offre une fois dans sa vie, merci à la fondation Makiguchi, au président Suzuki, au Dr Fauque, au Dr et à Dre. Urbain, le Dre. Guajardo, et le Professeur Edwards pour avoir rendu ce voyage non seulement possible, mais aussi un catalyseur pour d'autres réactions à venir.  

Les mots me manquent pour décrire cette expérience unique. En suivant la classe du Dre. Guajardo, en échangeant dans les classes de Dre. Urbain et du professeur Edwards avec des étudiants internationaux et japonais cela n'a pas seulement changé mon parcours, mais a aussi fait naître un profond désir de faire les choses différemment, mais également à les améliorer et à différents niveaux. Depuis mon retour, de nombreuses personnes m'ont demandé si j'avais apprécié mon voyage, mais ce tour de montagnes russes riches d'émotions et de réflexions profondes n'était pas seulement agréable, il était aussi significatif dans un univers de thèmes. Doucement, tout a commencé par l'accueil chaleureux et grandiose à l'université par les incroyables étudiants de Soka qui, petit à petit, sont devenus nos amis. D'abord, à distance de chaque coin du monde pour finalement devenir cette grande famille Soka-Laval à la fin de la semaine d'échange. Les mots sagesse, compassion et courage sont maintenant plus que les trois vertus décrites dans le livre du Dr Urbain, c'est le début d'un chemin vers une société renouvelée dans laquelle chacun grandit en se transformant de l’intérieur. Le fait de connaître tous ces étudiants et enseignants qui ont tous cet état d'esprit de la Soka Gakkai, cette ouverture d'esprit, cette générosité et cette passion pour l'éducation, prouve à tous que tout peut être amélioré, et ce, avec une façon différente de penser et de vivre. Par conséquent, cela illumine le monde et rend la construction de la paix plus facile et plus proche à réaliser.  

De mon point de vue personnel, je n'ai jamais pensé que cela pouvait être à ce point déstabilisant. J'ai été confrontée à l'obligation de parler dans ma deuxième langue devant tous ces inconnus venus du monde entier dans un pays différent du mien, mais j'ai été réconfortée de voir l'essence même de l'inclusion, du potentiel et de l'interconnexion lorsque je suis sortie de ma coquille. L'une des parties les plus difficiles a été de me laisser vivre pleinement cette expérience dans toute ma vulnérabilité. Tous les thèmes auxquels je n'avais jamais pris le temps de réfléchir, mais qui ont été développés dans certains cours, ont pris tout leur sens après avoir vu, mais aussi après avoir véritablement ressenti ce dont il s'agit. Cette semaine nous a également appris l'importance du dialogue et nous a montré les impacts positifs qu'il peut avoir dans toutes nos relations. Sous-estimer le pouvoir du dialogue pourrait même être la cause de nombreux problèmes dans notre société. Le leadership était un autre thème principal dans nos cours et a été montré comme n'étant pas seulement une façon d'agir dans un groupe de personnes, mais dans toute la société et de nombreux jeunes leaders puissants ont été présentés. Ce genre d'inspiration, d'espoir et de foi que le mouvement Soka Gakkai démontre dans ses écoles n'est pas seulement un vent d'air frais, mais aussi une source d'énergie puissante. En effet, ces journées à l'université ont stimulé nos esprits pour créer des poèmes, des vidéos et des groupes de travail afin de continuer à inspirer les autres autant que nous l'avons vécu. Même si les journées commençaient tôt et finissaient tard, la symbiose du groupe donnait de l'énergie à chacun d'entre nous pour poursuivre toutes sortes de discussions, de débats et de projets. Ce qui est amusant, c'est que nous ne voulions jamais aller dormir à cause de nos conversations, chacune toujours plus profonde que la précédente, sur ces sujets brûlants. Cependant, je reste convaincue que, quelle que soit la manière dont nous décrivons et expliquons cette semaine, personne ne comprendra profondément ce que nous avons vécu, à l'exception des autres membres de notre groupe. Même si chacun d'entre nous a, bien sûr, vécu une expérience différente à de nombreux niveaux, une chose est indéniable et c'est que nous avons tous développé notre transformation intérieure et évolué pour le mieux. Je n'aurais jamais imaginé me voir offrir ne serait-ce qu’une fois une opportunité en or de ce niveau et je suis convaincue que personne ne l’aurait fait. Je me souviens encore des larmes de ce mélange joyeux de reconnaissance et de mélancolie qui coulaient sur mes joues à la fin de notre symposium en raison de toute cette dose d'amour, d'amitié et de souvenirs à chérir pour toujours. Néanmoins, il y avait un certain réconfort à ne pas dire au revoir pour clôturer cet événement, car ce n'étaient pas des adieux, mais bien un à la prochaine fois. 

 

Témoignage Anthony Gagnon

Il n’y a réellement aucun mot pour décrire avec exactitude l’expérience que nous avons vécue au Japon. Le texte qui suit constitue ma modeste tentative d’en faire un compte rendu intelligible qui vous permettra, je l’espère, de vous la représenter, ne serait-ce qu’en partie. Je ne pourrai malheureusement pas décrire en détail tout ce que nous avons pu faire, mais je partagerai ce qui reste, encore aujourd’hui, gravé dans mon esprit. Toutefois, gardez en tête que ce n’est qu’en vivant cette expérience vous-même que vous pourrez en saisir toute l’essence.

Quoi de mieux pour commencer qu’une petite anecdote. Nous sommes arrivés au Japon après 13 heures de vol et nous avions encore deux heures de route à faire avant d’arriver au campus de l’université Soka. La plupart d’entre nous, moi le premier, nous sommes lourdement assoupi pendant le trajet d’autobus. Puisque nous n’avions pas soupé et qu’il nous faudrait de la nourriture pour le déjeuner, nous nous sommes arrêtés dans un dépanneur peu avant d’arriver au campus. Tenez compte du fait que nous étions encore semi-endormis lorsque nous sommes arrivés au dépanneur et qu’il s’agissait de notre premier voyage au Japon pour la majorité d’entre nous. Tout était indiqué en japonais et les comptoirs étaient remplis d’items et de nourriture que nous n’avions jamais vue. Alors, nous avons donc passé de sérieuses minutes à déambuler dans les rayons avec des mines d’incompréhensions sur nos visages. Il faut dire que ce n’est pas tous les jours que le premier arrêt dans un pays qui nous est étranger, c’est un dépanneur. D’autant plus lorsque c’est pour acheter de la nourriture très différente de celle dont nous sommes habitués, dans un état de fatigue avancée et dans une langue qui nous est inconnue. Toutefois, cela a tout de même commencé ce voyage sur une note positive empreinte d’humour.

Le lendemain, notre épopée débuta avec une visite informelle du campus par le professeur et docteur Olivier Urbain en avant-midi, de nous familiariser avec les lieux. En après-midi, nous avons rencontré pour la première fois, en chair et en os, les étudiants avec qui nous avions commencé à travailler quelques mois auparavant. Nous avons été accueillis avec de beaux grands sourires et de chaleureuses accolades. Il faut dire qu’un soleil radieux a amplifié cette bonne humeur contagieuse. Après une brève introduction de tout le groupe, c’est-à-dire chacun des élèves de l’université Laval ainsi que ceux de l’université Soka, nous avons commencé notre visite formelle. Cela peut sonner un peu « cliché », mais j’ai l’impression que nous rendions visite à de vieux amis que nous n’avions pas eu l’occasion de voir depuis des lustres. La première chose qui m’a fasciné, c’est l’énergie débordante et humaine qui se dégageait de chacun d’entre eux. Une énergie qu’ils ont d’ailleurs maintenue pendant toute la durée de notre séjour. C’est avec cette énergie qu’ils nous ont fait découvrir leur campus universitaire. Ce qui est d’ailleurs surprenant avec la configuration de ce campus, c’est que rien n’a été laissé au hasard. Qu’il s’agisse de l’emplacement de l’université, du nom de ses différents pavillons ou de la faune et la flore, il y a une explication derrière chaque élément qui constitue cette université.

 Puis, le lundi matin, nous avons commencé à travailler plus sérieusement sur notre présentation d’équipe pour le symposium prévu le samedi à venir. En fait, les moments destinés à travailler sur ce projet se résumaient à tous les matins excepté jeudi. Ce fut définitivement le travail d’équipe le plus stimulant et engageant auquel je n’ai jamais pris part. D’ordinaire, je suis habitué à faire des travaux où nous procédons à une division du travail et une mise en commun à la fin du processus. Cette méthode, bien que considérée comme efficace, donne souvent lieu à très peu de discussions et même des tensions dans certains cas. Cependant, du début à la fin, nous avons effectué ce travail en entretenant un dialogue soutenu parsemé de petites blagues. Non seulement cela renforcé notre lien de camaraderie, mais aussi j’ai appris qu’il était possible de mener à bien un travail d’équipe d’une manière totalement différente que celle dont j’étais accoutumé. Ce lien de camaraderie s’est créé dès notre premier contact et il perdure encore aujourd’hui. Le symposium qui en a résulté fait écho à l’entraide et l’amitié qui ont permis de le concrétiser. Le produit final n’avait d’égal que cette union, momentané, mais puissant, d’esprits d’élèves provenant des quatre coins du monde et partageant une aspiration commune qui s’étend bien au-delà de nos différences apparentes. Je suis fier et honoré d’avoir pu en faire partie.

Au-delà de ce symposium, plusieurs autres activités étaient prévues aux programmes et ont contribué à rendre ce séjour inoubliable. Pour commencer, je dois partager la petite randonnée que j’ai eu la chance d’effectuer avec Alex, bien qu’elle ne figurât pas au programme. Celle-ci nous a offert la chance d’explorer une forêt de bambou dans laquelle nous avons fait la découverte de temples sublimes et points d’observations à couper le souffle sous le couvert d’un soleil radieux. C’est cette randonnée qui m’a permis de prendre en compte de la beauté de ce pays.

En outre, nous avons eu le privilège d’assister et de participer à des cours offerts à cette université. Nous avons assisté au cours des professeures Maria Guajardo, Sachi Edwards et Yoko Urbain, qui nous ont fait cadeau de nouvelles perspectives sur des notions que nous avons souvent tendance à tenir pour acquises. Dans le cours de Mme Guajardo, nous avons été conviés de nous remettre en question en nous faisant réfléchir à de simples questions et en engageant dans le dialogue avec d’autres étudiants. Dans le cours de Mme Yoko, nous avons approfondi et partagé notre compréhension de l’éducation Soka avec la classe. Enfin, dans le cours de Mme Edwards, nous avons élargi notre conception de l’enjeu du genre dans l’éducation. Ce qui m’a grandement surpris, c’est qu’en dépit du fait que nous n’avions pas suivi les cours depuis le début du cursus, nous avons tout de même réussi à suivre et même à participer. Au travers de ces cours, une visite à l’école secondaire Soka était planifiée. Cette visite nous a tous profondément touchés. Le directeur de l’école nous a reçus et nous a fait une visite guidée personnalisée. À la fin de la visite, nous avons été amenés à discuter avec des étudiants de cette école. Bien que nous ayons eu près d’une trentaine de minutes, elles ont passé si vite que c’en était déroutant. La curiosité et qui animait ces étudiants et qui alimentait les discussions était telle que nous aurions probablement pu y passer la journée sans même nous en rendre compte.

Enfin, l’activité qui a laissé une marque indélébile dans mon esprit est la visite du temple Asakusa ainsi que du district de Shibuya. Tout d’abord, pendant le trajet de train, j’ai eu l’occasion de parler plus longuement avec les étudiants. Ce qui m’a abasourdi c’est comment, malgré les kilomètres qui nous séparent et les différences de cultures, plusieurs de nos préoccupations demeurent si communes qu’on pourrait croire que nous sommes tous voisins. D’un autre côté, l’environnement était tel qu’il nous a été possible de nous ouvrir à eux et faire preuve d’une certaine vulnérabilité. Ils y ont répondu à leur tour avec une grande sympathie et avec réciprocité. Ce sont ces dialogues, ces discussions, ces rires et ces peurs partagés qui ont rendu cette visite mémorable. C’est ce qui, selon moi, a rendu les au revoir si durs. Après le symposium, nous nous tous retrouvés pour partager notre succès et un dernier beau moment avant notre départ. Je me souviens m’être tenu un peu en retrait et d’avoir observé tous ces visages souriants partageant leur joie les uns avec les autres. C’est l’un de ces moments où je me suis dit que j’étais exactement là ou je devais être à ce moment précis et je n’aurais pas voulu échanger ma place avec qui que ce soit. Je me souviens encore que nous ayons passé une trentaine de minutes à nous dire au revoir. Personne ne voulait partir et moi non plus. Toutefois, c’est très certainement ce qui a donné tout son sens à ce voyage, cette fin inéluctable.

Tout cela ne s’est produit qu’en l’espace de dix jours. Pourtant, j’ai certainement grandi plus en l’espace de 10 jours qu’en l’espace des 10 dernières années. Je suis éternellement reconnaissant envers tous ceux qui ont rendu cela possible et pour tous ceux qui ont contribué à rendre cette expérience inédite. Je conçois qu’au final, l’expérience que j’ai eue peut varier sensiblement de celles des autres ou de celles que vous aurez. Mon souhait, c’est que vous vous permettrez au moins de vivre cette expérience par vous-même dans cette quête vers le développement et l’accomplissement de soi. Au plaisir d’entendre vos aventures.

Témoignage Marianne L'Écuyer

Voici ce que cette expérience a signifié pour moi,

Le voyage n’a pas commencé lors de notre départ à l’aéroport de Québec, ni même à notre arrivé à l’aéroport de Tokyo, mais bien il y a un an dans un cours, qui semblait bien banale, comme tous les autres cours de mon parcours scolaire. Je me souviens assises sur ma chaise de bureau dans ma chambre, écoutant M. Fauque essayé de nous expliquer ce que l’éducation soka, l’éducation créatrice de valeur basée sur les valeurs de la compassion, la sagesse et le courage. Sur le coup, il était impossible de bien saisir l’ampleur qu’une telle éducation peut avoir. Après tout, dans notre société occidentale, nous avons l'habitude d’arriver en classe, d’écouter ce que le professeur, en position d’expert, a à nous dire, en prenant bien en note chacun de ses mots pour s’assurer de pouvoir les retranscrire à la lettre lors de nos questions d’examens de fin d’année. Dans nos classes, nous nous faisons des groupes d’amis ou bien tout simplement tenter de bien nous entendre avec nos camarades de classe afin de nous séparer les taches équitablement lors des travaux d’équipe. Rares sont les occasions où nous développons une réelle relation avec nos professeurs, qu’ils nous font sentir comme un acteur central dans notre éducation. Encore moins des classes où nous pouvons développer un sentiment d’appartenance en tant que groupe formé d’individus ayant des valeurs qui nous réunit. Étudiant en relation internationale, on nous apprend l’état de notre monde présent, notre société globalisée souffrant de problème infini pratiquement impossible à résoudre. On nous apprend que le mieux que nous pouvons faire en tant d’individus est de terminer nos études, se trouver un travail et vivre nous-même. Comme dit plus haut, il était donc très difficile de comprendre ce que M. Fauque voulait dire lorsqu’il nous parlait d’un penseur japonais qui croyait que l’éducation devait servir à créer des valeurs et pousser ses élèves à atteindre son plein potentiel.

Après plusieurs mois à se renseigner plus sur le sujet, à avoir des échanges des plus enrichissants avec mes collègues du centre d’étude Ikeda de l’Université Laval, les concepts d’éducation créatrice de valeurs, de transformation interne et révolution humaine, de dialogue, de citoyenneté globale sont devenus beaucoup plus clairs pour moi. Une fois la matière bien comprise, nous avons eu la chance de rencontrer différents professeurs de l’éducation Soka lorsqu’ils ont eu la gentillesse de venir nous en parler de vive voix en mai dernier. Nous avons à rencontrer des professeurs exceptionnels, des passionnés de l’éducation. Si généreux de leur temps et de leurs expériences de vies, nous sommes tous sortis de ces rencontres extrêmement inspirées. Mais l’expérience n’était pas complète. Ce n’est pas peu dire que ce colloque de deux jours nous a tous laissés sur notre faim, plus curieux que jamais de vivre l’expérience de l’éducation Soka…

Lorsqu’on a proposé d’aller voir de nous-mêmes l’Université Soka, je n’ai pas hésité un instant. Bien sûr que je voulais aller à la rencontre d’étudiants qui baignent dans cette philosophie et qui ont la chance d’avoir cette éducation si différente de la nôtre. On nous a présenté un programme nous permettant de vivre la totale; rencontre en petit groupe avec des professeurs, participation à des classes de l’université, création d’une présentation sur divers sujets en groupe réunissant des étudiants de partout dans le monde et plusieurs activités pour en apprendre davantage sur le Japon tout en créant des liens de partages avec les étudiants internationaux. Enfin, nous allions pouvoir voir et ressentir concrètement la signification des trois valeurs fondamentales, de l’éducation créatrice de valeur et le concept de révolution humaine.

À l’aide de nos multitudes d’échanges, de dialogues et de collaborations avec les étudiants de l’université, nous avons pu voir comment le courage, la sagesse et la compassion peuvent s’articuler dans le quotidien d’un étudiant. Nous avons pu voir comment le mouvement e la Soka Dakai apprend à ses élèves à user de leur sagesse afin de comprendre que nous sommes tous interreliés sur cette planète et que l’action d’un aura un impact chez l’autre, peu importe sa nature. Ces jeunes incarnent aussi le courage. Cette valeur qui permet d’aller outre nos différences pour reconnaître le seul point en commun qui compte réellement, soit notre appartenance à la société globale. Les différences d’idéologie, de culture, de langues, de religion ne doivent pas être des embûches aux dialogues, mais bien être vues comme une richesse permettant le fleurissement des idées et l’enrichissement culturel. Les étudiants nous ont aussi permis de voir comment une véritable compassion permet d’accepter les autres qui les entourent comme un membre d’une même famille. Ils comprennent que nous vivons tous ensemble et devons coopérer et maintenir l’harmonie. Les défis auxquels notre monde devra faire face un jour ou l’autre, vont toucher l’ensemble de la population mondiale et nécessitera donc la coopération de tous afin de permettre la mise en place de solutions efficaces.

Après avoir créé des liens avec les enseignants de l’université et participé à certaines de leur classe, nous avons pu vivre une toute nouvelle éducation. Nous avons tous très rapidement compris ce que l’éducation créatrice de valeurs voulait dire. Un professeur qui croit au potentiel de ses élèves. Un éducateur qui échange avec ses élèves, car il comprend qu’il a autant à apprendre de sa classe que l’inverse. Un enseignant qui favorise le développement personnel de ses élèves avec une attitude optimiste de la place que ceux-ci prendront dans la société de demain. Un leader qui veut créer un climat de coopération et d’entraide envers ses étudiants, mais surtout entre eux. Des échanges enrichissants sont mis de l’avant et encouragés dans chacune des classes de sorte que chaque individu assis dans son siège se sente à sa place lors du cours. Sens que ce qu’il apprend dans son cours sera des acquis pertinents pour le reste de sa vie, car il se développe en tant que personne à chaque cours.

Rencontrer ces élèves et ces professeurs lors de notre court séjour a été une expérience unique. Un réel vent de fraicheur dans nos vies. Impossible d’en revenir sans être plein d’inspiration et sans vision optimiste du futur. À voir la cohorte d’étudiants qui gradueront de l’éducation Soka, je ne peux plus voir le futur de notre génération de manière cynique. Si chaque individu se penche dans une réelle transformation personnelle en développant des valeurs telles que mentionnées, une révolution humaine remplie de citoyens du monde est possible. La semaine que nous avons vécu à l’Université Soka à rallumer une véritable lumière en moi qui est maintenant impossible d’ignorer.

Nous serons à jamais énormément reconnaissants pour tous ceux qui ont fait que cette expérience soit possible pour nous.

Témoignage Ebed Louis

Durant la semaine de lecture du 28 octobre au 6 novembre 2022, accompagnés du Dr Vincent Fauque, nous avons été une dizaine d’étudiants de l’Université Laval qui ont quitté le Québec à destination du Japon dans le cadre d’un programme d’échange avec des étudiants de l’Université Soka à Hachioji, Tokyo. La coordination de notre voyage a été rendue possible grâce à la franche collaboration du Dr Olivier Urbain résidant à Tokyo. Les frais de voyages et d’hébergement ont été couverts gracieusement par la Fondation Makiguchi du Centre Ikeda de l’Université Laval.  

Notre aventure avait débuté il y a moins de deux ans avec des réflexions sur de nombreuses publications du Dr Daisaku Ikeda, plus particulièrement avec l’ouvrage phare du Dr Urbain Daisaku Ikeda’s Philosophy of Peace : Dialogue, Transformation and Global Citizenship. Il faut toutefois mentionner que les premières graines ont été semées un peu plutôt, pour certains d’entre nous au cours « D’État du monde » donné par M. Fauque, pour d’autres par le biais d’un ami. Nos intérêts pour ces concepts nous ont permis d’avoir moult séances de réflexions sur leurs importantes applications quotidiennes dans la vraie vie. Ainsi un premier symposium a eu lieu à la bibliothèque Jean-Charles Bonenfant de l’Université Laval en mai dernier. Cette rencontre a été particulièrement enrichissante, car nous avons pu accueillir en présentiel le Dr Urbain, la professeure Guajardo, que nous appelons affectueusement Maria Sensei. Le fait même qu’ils ont accepté de délaisser leurs activités, braver les restrictions sanitaires démontre le haut niveau de développement des trois vertus de Sagesse, Courage et Compassion, telles que conceptualisées et matérialisées par le Dr Ikeda. Notre semaine d’échange à l’Université Soka, Japon a été une occasion spéciale de vivre une expérience émanant de ces vertus, tant de la part des étudiants que des professeurs.  

Après plusieurs mois d’échanges en ligne, le temps de nous retrouver avec nos collègues étudiants de l’Université Soka était venu. Nous sommes devenus rapidement des amis pour la vie parce que nous partageons tous les valeurs de la « philosophie de paix » du Dr Ikeda.  

Il faut dire qu’à mesure nous nous approchions de la date de départ, il y a eu beaucoup d’incertitudes. Certains d’entre nous étaient très inquiets en raison des restrictions sanitaires et de la difficulté d’avoir des informations précises sur l’immigration au Japon. La situation était encore plus complexe de mon côté, car il fallait non seulement obtenir un visa de séjour, mais aussi trouver une solution par rapport à mes préoccupations familiales — mon épouse était à la fin du 3eme trimestre de grossesse. Heureusement, bébé est venu au monde deux semaines avant mon départ. 

Le samedi 29 octobre, après 13 heures de vol, notre avion a pu atterrir en sécurité à l’aéroport de Narita, Tokyo. — Nous avons été agréablement surpris de la rapidité et de l’efficacité de l’équipe médicale de l’aéroport avant de passer l’immigration et les douanes. Sur place, Mme Nagaoka et une de ses collègues nous attendaient ainsi que le chauffeur de l’autobus. Nous avons reçu le meilleur des accueils de ces personnalités de l’Université Soka. Il nous a fallu deux heures environ en autobus pour nous rendre à l’université. Pour certains d’entre nous, ce temps de voyage était l’occasion idéale de piquer une bonne sieste. À cinq minutes de notre arrivée au Guest House de l’université, le chauffeur a fait son stop afin de nous permettre d’acheter de la nourriture. Cela a été tout un défi même pour ceux d’entre nous qui ont suivi des cours de japonais.  

Nous avons été dans la joie de revoir l’infatigable Dr Urbain accompagné de M. Simoide, le responsable du Bureau international, que nous tenons à remercier pour son hospitalité, la planification et la coordination de notre séjour. Après notre long voyage, une fois les salutations d’usages étaient faites ce soir-là, pour ma part c’était important d’aller me reposer. Je ne pouvais pas toutefois le faire sans prendre les nouvelles de mon épouse et de mes deux jeunes fils, mais aussi m’informer de ce qui se passait au travail. J’étais très heureux de pouvoir communiquer dans l’immédiat avec mon épouse.  

Le dimanche 30 octobre, nous avons pu enfin faire la connaissance physique de nos collègues de l’Université Soka après des mois de rencontres virtuelles. En effet, il fallait bien être sur place pour vivre l’accueil qui nous a été réservé. Je pourrai le décrire en ces termes : énergie, élan, dynamisme, joie et humanité, mais également la présence tangible des trois vertus. D’ailleurs, ces dernières sont solidement bien ancrées dans le quotidien de nos collègues à l’Université Soka. 

Après un tel accueil, nous sous sommes posés pour notre première photo de groupe. Par la suite, dans un élan de Bouddhéité, Maria Sensei nous a invités à rentrer au Global Square pour les premières découvertes de ce qu’est devenue l’Université Soka depuis la pose de la première pierre sur la colline boisée de Hachioji dans les années 1970. Puis s’en est suivie la grande visite du campus. Une tournée durant laquelle nous avons pu découvrir la signification cachée derrière chaque monument, chaque tour et même de certains cerisiers.  

Nous n’avons pas eu l’occasion de visiter le Memorial Makiguchi, et l’idée derrière ce gigantesque bâtiment est une façon symbolique pour le Dr Daisaku Ikeda d’honorer la mémoire de son mentor mort en prison dans une petite cellule le 18 novembre 1944. 

Du campus de l’Université Soka au Head Quarters à Shinanomachi en passant par la Soka Tokyo Highschool que nous avons eu le privilège de visiter, l’empreinte indélébile des trois vertus élaborées par le Dr Ikeda est remarquablement présente.  

La journée du lundi 31 octobre a été marquée par les premières séances de préparation de nos différents travaux de groupe pour le symposium. Nous en avons profité pour participer à notre première classe en compagnie des étudiants de l’Université Soka. Le plus beau cadeau de cette première journée de travail nous a été donné par Maria Sensei. En effet, notre premier séminaire avec elle en mai 2022 à l’Université Laval a facilité considérablement notre intégration au cours.  

À 17 h, nous avons eu notre première rencontre avec le Directeur du Ikeda Research Institute for Soka Education (IRISE), M. Takanashi. Cette première prise de contact nous a, non seulement, permis de créer des liens, mais surtout d’apprendre un peu plus de ce qu’est la vision de l’éducation Soka. Les réponses à nos différentes questions se sont notamment tournées autour des trois valeurs développées par le Dr Ikeda. Après ces échanges, un excellent souper nous a été offert par le président Suzuki. C’était le moment idéal d’entamer certaines réflexions et de discuter sur nos projets respectifs. J’ai eu la chance de partager mes perspectives d’implanter une école de valeurs et de l’impact de la vision Soka pour une « Éducation humaniste » en Haïti; et bien entendu, de mes intérêts pour des études supérieures en « Peace Studies » dans les années à venir.    

Les préparations pour le symposium du samedi 5 novembre se poursuivaient comme prévu entretemps. La journée du mardi 1er novembre a été soulignée par la classe de « Peace Studies » de Yoko Sensei suivi de l’intervention du Dr Urbain. Il n’y a aucun doute qu’à l’Université Soka, l’étudiant évolue dans un environnement où il peut réellement « découvrir son potentiel ». Je me rappelle encore les anecdotes élogieuses à propos des étudiants et élèves de Soka. Un peu plus tard dans la journée, nous avons eu le privilège d’assister au cours de « Gender in Education » donné par Sachi Sensei. Encore une fois les échanges entre les étudiants ont été très inspirants. Les classes de la journée ont été parachevées par une réunion-bilan, ce que j’avais assimilé comme étant la cerise sur le gâteau — une rencontre tellement enrichissante, dynamique et socialement agréable. 

Pour avoir eu l’occasion de voyager à moult reprises au Japon dans le cadre des relations Soka-Laval, le Dr Fauque est la référence idéale pour nous décrire l’élan et le dynamisme des étudiants et élèves de Soka. En effet, notre visite à Tokyo Soka Highschool est un témoignage palpable de tout ce qui nous a été raconté deux ans avant notre voyage. À Tokyo Soka Highschool, nous avons pu rencontrer et échanger avec des élèves brillants animés de curiosité et d’un esprit de recherche. Nous tenons à remercier les responsables de cet établissement et tous les élèves pour l’accueil chaleureux reçu. C’était mémorable! 

Nous avons aussi profité de notre séjour pour visiter quelques endroits emblématiques par exemple : Asakusa et Mount Fuji, le Head Quarter de la Soka Gakkai a Shinanomachi. Notre belle aventure à l’Université Soka a pris fin par une présentation de chacun des groupes constitués sur des thématiques diverses.  

Témoignage Félicia Thériault

L’expérience avec les étudiants de l’Université Soka a pour moi commencée lors de notre première rencontre virtuelle. Nous ne nous étions jamais rencontrés et pourtant une vague d’une intense chaleur invitante pouvait se faire sentir à travers l’écran, comme si nous nous connaissions déjà depuis des lunes. Il faut savoir, avant que je poursuive, que je ne suis âgée que de dix-neuf ans et que je suis présentement encore au Cégep. Par moments, je me sentais comme un petit poisson dans ce grand océan universitaire et je craignais de ne pas y avoir ma place. Cependant, à l’instant où nous avons commencé à travailler mon groupe et moi sur notre projet sur l’éducation créatrice de valeur, je me suis sentie dans mon élément et il ne fut pas difficile de créer un sentiment d’appartenance. Tous les échanges se faisaient dans le respect, dans la créativité, dans le développement de notre potentiel et dans un environnement sain. J’attendais l’arrivée du fameux jour de notre départ pour le Japon comme une enfant qui a hâte à Noël. Après treize heures de vol, où peu d’heures avaient pu être consacrées au sommeil, et une traversée casse-tête de l’aéroport, nous avons été si gentiment accueillis par les administratrices, que toutes afflictions mentales et corporelles se sont évanouies. Je ne cesserai jamais d’être émerveillée par l’aura dégagée par toutes ces personnes qui forment et qui participent à l’éducation Soka. C’est d’une fraîcheur qui coupe le souffle et qui multiplie l’énergie vitale à la même occasion. Le lendemain, j’ai été frappée par la plus grande hospitalité jamais vécue. Les étudiants avec qui nous avions travaillé nous attendaient, pancartes et pompons en mains, des sourires éclatants sur leur visage et, encore une fois, avec leur chaleur incomparable. Émue presqu’aux larmes, heureuse autant que la signification de mon prénom, épatée comme si c’était la meilleure surprise qu’on m’ait fait et énergisée au point où ma fatigue chronique s’est évaporée, jamais je ne me suis sentie autant à la maison. Ces élèves incarnaient le courage, la sagesse et la compassion et je pouvais ressentir leur sens du but de leur éducation dans cet établissement, sans même qu’ils eurent besoin de l’exprimer par leurs mots. Toutes les rencontres que j’ai faites semblaient chacune si unique en leur genre, et pourtant si similaire à la fois. Ils représentent une panoplie de différentes origines, de différentes personnalités, de différents caractères, de différentes qualités et parviennent tout de même à être soudés, rassembleurs, passionnés et beaux tous ensemble. Du nombre d’années que j’ai vécues (qui peut vous sembler peu en y réfléchissant) je n’ai jamais été témoin d’une amitié et d’une unité d’une aussi grande puissance. Au point où j’ai eu l’impression que l’humanité n’est peut-être point condamnée après tout. Tous se sont occupés de nous comme si on faisait partie de leur propre famille. Tout le monde pouvait être membre du cercle, sans rejet, sans conditions, sans discrimination, on t’accueille pour la personne que tu es. Il est vrai que les étudiants sont des personnes extraordinaires, mais il serait ignorant que de mettre de côté les acteurs qui sont derrière une formation d’êtresvivants si incroyables. D’abord, Makiguchi, Toda et Ikeda qui ont si généreusement pensé à l’atteinte d’une paix globale d’une manière pacifique et qui ont partagé au monde, leurs valeurs, leur philosophie et leurs visions. Puis, les enseignants qui à leur tour viennent passer le bâton. Madame Maria, Madame Yoko, Madame Sachi, Monsieur Urbain, Monsieur Fauque, tous des mentors hors-pair qui ont à cœur une éducation créatrice de valeur. Ils poussent leurs étudiants, non seulement à réfléchir, mais à développer leur plein potentiel, à atteindre des sommets qui nous semblaient inatteignables dans l’éducation conventionnelle et à devenir la meilleure version de nous-même possible. Je suis tous les jours reconnaissante de leur impact dans ma vie et espère avoir encore de nombreuses occasions de les laisser m’influencer aussi positivement. J’ai rêvé si longtemps de révolutionner l’enseignement ici, de le rebâtir, de l’innover. Je veux que mes enfants et ceux du Québec puissent goûter dès leur jeune âge, à ce que ça fait d’être traités comme plus que des machines à penser, de simples élèves. Ces jeunes méritent que l’on prenne soin de leur futur et de leur développement, qu’ils se sentent réellement valorisés et considérés dans l’équation de la société. Le changement n’a pas à attendre, il est temps de cesser de se rendre volontairement aveugle. Nos systèmes souffrent et aucunes réelles solutions ne sont mises en place pour les sauver. On se contente de simples pansements comme si leur plaie béante pouvait guérir sans y porter d’autant plus de soin. Si vous pouviez voir, comme moi, le genre d’effet qu’a l’éducation Soka sur les gens, vous comprendriez que la réponse ne se cache pas si bien finalement. J’aspire à une société qui veut cesser de se centrer sur son individualisme. Apprenons à se serrer les coudes, à se rassembler et montrons à nos enfants que nous sommes là pour les rescaper de leur éducation monotone, peu spécialisée et abaissante. Je sais que je ne pelte pas de nuages, car j’ai assisté à cette forme d’apprentissage. J’ai quitté le pays, pleine d’espoir, et certaine que l’éclat de la lumière de leur éducation se transmet, se partage. Si vous ne me croyez point, c’est parce qu’il sera de votre initiative d’assister à ce magnifique, époustouflant et inspirant mode de vie.

Témoignage Jérémy Audet

Le soleil du midi à l’université Soka

Je possède la forte conviction que l’université Soka a été bâtie par des individus conscients de la grandeur et de la valeur de la vie. Peu importe où l’on se trouve à l’enceinte de cette savante université, nous pouvons toujours observer l’importance mise sur la vénération de la beauté et des passions du cœur. J’ai tout de suite compris que ce lieu a été enfanté à travers une grande peine et une terrible souffrance, une sorte de volonté ivre de l’indicible et de l’immuable. En effet, il n’existe que très peu de moyens possibles afin de créer une beauté aussi profonde et merveilleuse. Elle ne possède ni nom ni appellation : elle trouve son origine dans le sang réchauffé et les battements de cœurs solennels d’un ancien midi méditerranéen. Les Grecs de l’antiquité, eux aussi, étaient capables de créer des œuvres d’art dignes de leur grandeur, car à travers leur joyeuse innocence, ils se donnaient l’opportunité de créer à nouveau, toujours à nouveau, ne voyant aucune fin à l’horizon de leur parfait cosmos. Comment pensez-vous que ces derniers réagiraient en voyant leurs séduisantes colonnes doriques se pavaner dans des lieux aussi pieux que ceux qui renferment le savoir sacré de la paix moderne? Même si loin de chez eux, j’imagine qu’ils se sentiraient bien au soleil, leur corps reconnaissant l’heureux soleil japonais comme frère de l’âme que possède celui de la méditerranée. Ils pourraient reconnaitre, non loin de l’imposant auditorium, les traces d’Homère et de son Illiade, à travers l’éblouissante sculpture de la vieille coupe de Nestor. Instinctivement, j’ai tout de suite entouré cette vénérable coupe de mes bras afin de m’en rapprocher le plus près possible, pour me frotter à son mystère, peut-être dans le but d’en retirer quelques secrets parmi sa silencieuse pudeur. Cela constituerait un crime et un véritable péché envers tout ce qui est bon et beau d’oublier la ravissante et ruisselante fontaine qui, malgré qu’elle ne débitât aucune eau claire, symbolisait pour moi l’union de la terre et de la mer, tel le cadeau que Poséidon donna aux Athéniens pour gagner leur faveur et leur amour éternel.

L’entièreté de mon temps était dédiée à suivre une multitude de petits et grands chemins, à marcher le long de sentiers battus et secrets, mais je me suis rendu compte assez rapidement que chaque chemin emprunté, peu importe où l’on se retrouvait, menait à l’étang de la littérature et au pont de la paix. Ainsi, enfouie profondément parmi une épaisse muraille de bambou et d’arbres, au-dessus d’un étang sombre, mais rempli de vie et d’écailles écarlates, se retrouve la volonté incarnée de la philosophie de l’école Soka : un pont créé pour la paix. Mais dire que ce fut simplement un pont serait une atteinte à la dignité de cette noble et paisible création. À le voir dans le soleil, il paraissait fier, même courageux, un peu intempestif, comme s’il disait : « À travers moi se retrouve cette volonté de paix et d’amnistie propre à toute compassion, à toute sagesse qui a su créer les choses belles et bonnes que l’être humain poursuit inlassablement. » Toutefois, la volonté de paix sera toujours mieux représentée par ceux vivants et assoiffés de vie, plutôt que par des œuvres d’art. Je parle ici de ceux qui sont possédants de cette vitalité et de ce désir profond de continuer d’incarner le mythe de Prométhée à travers l’espace et le temps. Ainsi, je me suis posé la question suivante : « Mais quelles sortes de créatures vivent parmi cette beauté? »

Ce sont des êtres possédant une grande légèreté, une paix intérieure si profonde qu’elle émerge jusqu’à la surface même de leur corps. Cette aura de bonté inouïe est si puissante qu’elle se propagea parmi notre joyeuse délégation : chacun d’entre nous professa le désir de devenir aussi bon et noble qu’eux, afin d’être, nous aussi, à la hauteur de nos projets. Je me suis noué de liens d’amitié avec M., V., et L. chacun d’entre eux exprimait un désir urgent de ne prendre part à aucun parti à part celui de leur prochain, celui de l’homme dans toute sa splendeur et sa vaillance. Ainsi, la meilleure façon de servir l’homme réside dans l’acte de servir l’entièreté de l’humanité et les bienheureux de Soka savaient ceci très bien. Ils proclamaient également leurs intentions d’entretenir le rêve de l’homme et de le faire perdurer encore pour des siècles et des siècles, tant et aussi longtemps que l’esprit Soka demeure vivant. Ils voulaient lutter courageusement contre les injustices tout en conservant leur humanité et leur bonté. Ils désiraient vivre avec le fardeau de l’existence dans le but de préserver tout ce qui était encore pieux, digne et bon dans l’être humain.

Tout à coup, ma joie et ma gaieté furent soudainement étranglées par la lourdeur et la pesanteur de leur tâche. J’avais, en très peu de temps, développé un amour si naïf et si innocent pour mes camarades de Soka que maintenant je me souciais d’eux comme s’il s’agissant de mes propres frères et sœurs. N’avaient-ils pas pris conscience du grand danger qu’ils couraient? Mais quel est ce danger, vous me demandez? Il s’agissait du péril même de la magnanimité de leur mission : leur proclamation de paix sera éternellement nouée avec une déclaration de guerre envers tout ce qui est ignoble, laid et petit. Seront-ils prêts pour longue et interminable guerre, ces nobles guerriers de Soka? Pourront-ils, au fin fond de leur cœur, maintenir éternellement la résilience et la compassion nécessaire pour triompher envers l’ignorance et la violence? Sont-ils capables d’accepter les sacrifices nécessaires afin d’accomplir la volonté de puissance léguée par Makiguchi et Toda?

Avant même qu’ils me réconfortent à l’aide de belles paroles légères et innocentes, avant même qu’ils acquiescent à leur destin d’homme, avant même qu’ils proclament haut et fort leur intention de maintenir fermement leur quête pour la paix dans le monde, je leur dirais : « Connaissez-vous bien le lien qui unit Hypérion à sa douce compagne Diotima? Tout comme eux, j’ai pris conscience que la seule façon d’illuminer le monde et de de vaincre la noirceur qui réside dans le cœur de l’homme est l’unique chemin que l’humanité peut encore emprunter : il faut projeter notre lumière dans l’avenir et planter les germes de quelque chose bon, beau et noble. »

Savent-ils le véritable sens de mes paroles? Connaissent-ils le destin tragique d’Hypérion et de sa douce compagne Diotima? C’est seulement à travers la sublimation des choses que nous avons perdues que l’art et la beauté deviennent encore possibles. Encore une fois, je pose la question suivante : « Savent-ils ce qui les guette parmi les profondeurs du labyrinthe du cœur ? » S’ils le savent, alors les disciples de Soka sont les derniers bastions de la puissance et de la persévérance humaine. Le fait est indéniable : les étudiants de Soka sont les étranges descendants de Prométhée, ceux qui mènent la lutte afin d’entretenir et accroitre la flame de l’humanité.

Le Minotaure sera toujours derrière nous, nous pourchassant sans relâche et sans scrupule parmi les ténèbres de notre labyrinthe. Peut-être qu’un jour, il arrivera soudainement… Et alors, qu’allons-nous faire lorsque ce Minotaure nous dévorera violemment durant le solstice de notre hiver? Apprenons, chers camarades, qu’il ne peut exister aucune profondeur sans hauteur vertigineuse! C’est cette même nécessité qui explique pourquoi les rayons du soleil deviennent aussi éblouissants qu’aveuglants durant l’apogée du midi. Apollon, derrière cette campagne noire de soleil, se dévoile alors intimement à nous seuls… Peut-être, et j’aimerais bien qu’on puisse me donner raison, l’université Soka possède-t-elle encore suffisamment de sol fertile pour faire perdurer l’arbre de la vie?

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